Comment les franc-maçons ont-ils contribué à la séparation de l’Église et de l’État ?

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Franc-maçonnerie et séparation entre l’Église et l’État : origines d’un combat

Parler de le rôle de la franc‑maçonnerie dans la séparation de l’Église et de l’État revient à s’aventurer dans les couloirs sinueux de notre histoire républicaine. D’un côté, l’Église, puissante, modelait l’enseignement et la vie publique ; de l’autre, une poignée de libres penseurs, parfois soupçonnés de rituels mystérieux, rêvait d’un État affranchi de l’influence religieuse. N’en déplaise à ceux qui voient dans la laïcité une trouvaille moderne, la volonté de séparer le spirituel du temporel couvait déjà sous la Troisième République. Parmi les fervents artisans, plusieurs noms résonnent : Combes, Briand, Jules Ferry… la majorité d’entre eux ayant, « inexplicablement » (ou non), un tablier maçonnique dans l’armoire. D’ailleurs, entre nous, qui n’a jamais entendu, à la terrasse d’un café parisien en mars, une anecdote sur un aïeul initié et les grandes lois du siècle ?

Pourtant, on pourrait imaginer que la franc-maçonnerie n’était qu’une force d’arrière-plan. C’est mal connaître la société de l’époque et la vigueur de ses débats. Dès la Révolution, « la bulle papale condamnant la franc‑maçonnerie » avait déjà scellé une inimitié tenace. À chaque grande étape : écoles laïques de Jules Ferry, laïcisation progressive des institutions, on retrouve une empreinte discrète mais réelle. L’influence politique de réseaux maçonniques fut parfois grossie, parfois minimisée. Qui démêlera le mythe et la réalité ? Peut-être qu’en y regardant de plus près, on comprend pourquoi la séparation entre l’Église et l’État devint, au fil du temps, un objectif aussi partagé… même chez ceux qui proclamaient le contraire.

Les francs-maçons et la loi de 1905 : influence politique évidente ?

La fameuse loi de 1905, qui institua la séparation entre l’Église et l’État, aurait-elle vu le jour sans l’impulsion soutenue de la franc-maçonnerie ? On entend souvent dire que le texte est né presque naturellement de la société républicaine… Pourtant, de nombreux membres du Parlement de l’époque, notamment Émile Combes ou Aristide Briand, initiés notoires, portèrent le projet. Combes — certains vieux voisins le surnommaient « le petit père de la laïcité » — œuvra pour la laïcisation des écoles, tandis que Briand fut l’artisan du compromis final. N’est-ce pas une belle illustration du fameux adage : « souvent, la main invisible porte des gants blancs » ?

Autrefois, on craignait que la laïcité détruise le tissu social. Or, la contribution de la franc‑maçonnerie à la séparation de l’Église et de l’État s’est imposée peu à peu comme vecteur d’apaisement, même si certains s’en méfient encore aujourd’hui. Ce serait exagéré de prétendre que l’action des loges fut exclusivement déterminante, mais il est, honnêtement, impossible de nier leur influence politique sur les débats législatifs. En somme, la loi 1905, couronnement d’un long processus, doit beaucoup aux républicains maçons, que l’on croisait alors aussi bien à la Chambre qu’à la campagne, un dimanche de mai, sous le regard parfois circonspect de l’abbé du village.

Franc-maçonnerie et laïcité : héritage de la séparation entre l’Église et l’État

Mais, me direz-vous, quel est l’héritage réel de l’engagement de la franc‑maçonnerie en faveur de la séparation entre l’Église et l’État chez nous aujourd’hui ? Laïcité, pluralisme, neutralité de l’État : ces principes, fruits d’une âpre conquête, reposent encore sur l’élan donné par ceux qui, entre querelles de clocher et luttes pour la liberté, choisirent d’ouvrir la République à tous. On pourrait croire que la laïcisation n’est plus en débat ; pourtant, chaque rentrée scolaire, chaque législation sensible rappelle combien cette conquête reste fragile… et précieuse. Certains diront que l’esprit républicain s’estompe, mais c’est oublier la force tranquille de ce creuset maçonnique.

Le combat pour la séparation entre l’Église et l’État ne fut jamais sans heurts, ni monolithique. Pourtant, entre orages et éclaircies – à l’instar d’un mois d’avril en Bourgogne – l’alliance entre influence politique et idéal maçonnique a profondément façonné notre société. D’ailleurs, il suffit parfois d’observer un conseil municipal ou de feuilleter les souvenirs de familles attachées à la loi 1905 pour mesurer cet enracinement. La franc-maçonnerie, loin de se cacher derrière ses symboles, fut et demeure un moteur discret de notre laïcité républicaine.

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